Balzac et la petite tailleuse chinoise (pas de pipes, la tailleuse)

Publié le par Leussain

Balzac et la petite tailleuse chinoise (pas de pipes, la tailleuse)

Comme je n'avais plus rien à me mettre sous la cornée, et que les livres ça coûte cher, et que je ne suis pas doué pour le vol (enfin je ne suis pas doué pour ne pas me faire prendre), j'ai fait un tour dans mes cartons rongés d'humidité pour voir quels trésors littéraires je pourrai en remonter. Un petit livre pas bien épais, que j'avais lu il y a quelques années, m'a presque sauté à la gueule. Il s'agit de, tu l'auras deviné en lisant le titre de l'article, "Balzac et la petite tailleuse chinoise", de Dai Sijié.

Alors ce n'est pas de la grande littérature, certes. Ça ne mérite pas un Goncourt, ni même un Renaudot. Le style n'est pas flamboyant. MAIS, et note que quand j'écris un mot en majuscules, c'est que c'est vachement important, MAIS, donc, ce bouquin est une véritable petite sucrerie, un bonbon littéraire qu'on ne peut s'empêcher de suçoter. C'est beau, poétique, exempt de tout cynisme, et frais comme un bon Ricard en été. Il me semble que l'histoire est celle de la jeunesse de l'auteur. Fils d'intellectuels et ennemis du peuple sous la dictature de Mao, le jeune homme est envoyé, avec son meilleur ami, en "rééducation" dans la montagne du Phoenix du Ciel, sous la houlette des camarades révolutionnaires bouseux du coin. Là, ils vont tomber amoureux de deux personnes : une jeune fille à la beauté tentatrice et Honoré de Balzac.

Tout l’intérêt du roman réside dans la lutte pacifique contre l'oppression qui anime les deux amis, qui découvrent une valise remplie de bouquins occidentaux. Par la puissance des mots et des idées, ils vont s'élever spirituellement et faire de cette montagnarde ignorante une créature raffinée, dans une dictature qui a interdit la totalité des œuvres "subversives".

C'est vraiment beau, touchant, intelligent, relativement bien écrit, mais ça manque peut-être un peu de poids. Si j'avais été comme l'auteur victime d'une telle dictature, je serais devenu une boule de haine vitupérant ceux qui m'ont volé une partie de ma jeunesse. Mais lui, non, il reste presque fataliste, tiède, il se contente de distribuer les mauvais points. C'est là ce qui (pour moi, je, à mon avis, moi et moi seul, personnellement, ça n'engage que moi) constitue le plus gros défaut.

"Balzac etc" n'en reste pas moins un bouquin extrêmement recommandable, une déclaration d'amour envers le Livre. Certes, ça n'a pas la puissance dévastatrice d'un Céline ou même d'un Chuck Palahniuk, mais je t'en supplie, plutôt que de t'afficher sur la plage cet été avec la nouvelle purge de Marc Lévy, donne toi un air intelligent et profond avec cet excellent bouquin.

Publié dans critique livre

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
N
chef, oui chef !<br /> lecture commencée : facile à lire, assez rapide, et oh surprise, voire plaisante..... &quot;l'amour du livre&quot; : belle définition ! je dirais même plus : &quot;l'amour de la lecture&quot;, ou comment les livres peuvent vraiment changer une vie.....
Répondre
E
Bonjour, nouveau concept d'exposition sur le web www.icidexpos.com bonne visite amicalement Eddie.
Répondre
C
Freharte, je vais le dire à RNO et à BangoI
Répondre
F
Salut Le-Saint. Pour rester dans tes goûts, je te conseille le bob et bobette 274: le petit joueur de flûte qui sifflait dans le rectum de Camui
Répondre