La théorie du RIEN.

Publié le par Leussain

La théorie du RIEN.

Je m'en doutais que ç'allait être une journée placée sous le signe de la merde. Ça a commencé tôt le matin, un type est venu diagnostiquer la fosse septique. Respirer des vapeurs de merde à 9H du mat' en guise de petit-déjeuner, ça présageait de la suite.

Bref, je me couche et je me lève à seize heures avec un mal de crâne carabiné, façon lendemain de cuite. J'allume la téloche, histoire de meubler le silence de cette grande maison vide, et je tombe en arrêt sur une chaîne d'info en continu ; deux connards de fils de pute armés jusqu'aux dents ont fait le carnage qu'on sait dans le journal qu'on sait. J'en suis resté comme deux ronds de flan. Les types qui sont morts, Cabu, Charb, Wolinsky, Tignous (et d'autres drilles que je connaissais moins), je les admirais depuis des années, pas tant parce que leurs dessins me faisaient marrer que pour leur courage dans l'adversité, face aux cons de tous horizons, les cons de gauche, les cons de droite et de l'extrême, les cons du cru et les cons de l'autre bout du monde, mais surtout, surtout, les connards d'obscurantistes à croix, à croissant ou à papillotes.

Quand j'ai appris, j'ai eu le sentiment d'avoir perdu des membres de ma famille tant je me sentais proche de leur pensée, de leurs convictions, de leur seule conviction véritable en définitive : celle qu'on peut tout dire dans une démocratie, sans risquer la peine de mort. Ils sont morts droits dans leur botte, debout, pas un n'a abdiqué devant la barbarie, jusqu'au bout. En héros. C'est un terme si galvaudé. En héros, merde, et si tu trouves ça niais va te faire ramoner chez les Hellènes. Non, en martyrs ! En martyrs ! Prenez-en de la graine, vous les fils de pute d'intégristes fondamentalistes extrémistes islamistes de mes couilles, vous qui vous prétendez martyrs quand vous vous faites péter lâchement dans une école ou dans une foule d'innocents, sinistres bon gros enculés, vous en fabriquez à longueur d'attentat, des martyrs ; vos victimes : la petite Malala qui souhaitait simplement aller à l'école, la bande à Charlie, les mômes de Toulouse qui n'avaient de tort que d'être youpins, ces étudiants qui voulaient simplement regarder une pièce de théâtre, les exemples ne manquent pas dans l'actualité, vous semez le malheur partout où vous traînez vos barbiches. Voilà ce que c'est, qu'un martyr : quelqu'un qui meurt ou souffre pour ce qu'il juge juste et bon, contre toute logique d'auto-préservation. Je vous hais, je vous conchie, vous avez fait le monde un peu plus moche, vous lui avez enlevé quelques clowns qui l'égaillaient un peu.

Franchement, comment peut-on encore être contre l'avortement ? Si la génitrice de ces deux enculés avait jeté le produit de ses fausses couches dans les chiottes ou les avait placé dans le bac du congélateur à coté des Mr Freeze, on en serait pas là avec 12 morts et 11 blessés. Tu trouves ça violent comme une image ? C'est juste une image. Une vue de l'esprit. Des mots. Une rafale de kalachnikov qui fait sauter une mâchoire, une balle qui entre dans un œil et explose une boîte crânienne, ça c'est violent.

Bien entendu, toute la basse-cour politique caquetante s'est engouffrée dans la brèche à coups de petites phrases, la Marine marron caca en tête, trop heureuse de ce coup du sort qui va sûrement la catapulter en haut de l'affiche en 2017. J'en aurais gerbé. J'ai quasiment rien pu avaler ce soir-là. Pas envie. Les infos, quand on y prête attention, c'est plus efficace que Weight Watchers, Nature House et la méthode Dukan réunis. Y a de quoi te priver d'appétit jusqu'à la fin de tes jours.

Ma haine de la religion – car, je peux le dire, c'est une haine viscérale – ma haine de la chose religieuse, je la tiens de loin, de l'enfance. Quand j'étais chiard en effet, attendu qu'on savait pas quoi foutre de moi, attendu qu'on m'avait versé de l'eau sur la gueule et que donc j'étais marqué du sceau du catholicisme, attendu qu'il fallait faire comme toute les autres familles blanches, attendu que c'était la tradition, attendu qu'un curé est censé vous inculquer la morale mieux qu'un père et une mère, attendu tout ça, on m'a envoyé colorier des petits Jésus sur le calvaire et apprendre des formules magiques chez de vieilles bigotes ménopausées. Le catéchisme, on appelait ça. Déjà, à l'époque, je ne comprenais pas comment de grandes personnes pouvaient croire à des conneries pareilles – mais bien sûr que l'autre il a changé l'eau en vin et multiplié les pains, et puis il est sorti du tombeau et est allé faire un tour à la fraîche – sans finir internés chez les toqués. Moi, on m'avait mis au courant, au sujet du Père Noël, personne l'avait fait pour eux ? Et les petits musulmans, tu crois qu'ils se tapent des Mahomet à colorier ? Ah ben non, pardi, c'est interdit de représenter le prophète ! C'est interdit parce qu'un jour un type au QI d'amibe a décrété à l'ombre de son chameau qu'à partir de dorénavant, attention pas bien, y fallait pas dessiner le super-héros des musulmans. C'est pour ça que 12 personnes sont mortes : pour quelques dessins. De foutus coups de crayons !

Dans les médias, régulièrement on entend s'exprimer des gaziers qui dénoncent la vague d'islamophobie qui enfle en France, et que attention, gare aux amalgames, c'est un mot à la mode ça, « amalgamer », essaie, place-le dans une discussion tu passeras pour un type intelligent. Ben les cocos, si l'Islam était un quidam, il aurait un casier judiciaire long comme ma bite. Pas autant que le catholicisme, certes, qui avec ses croisades, ses inquisitions, ses chasses aux sorcières, a tué depuis bien plus longtemps et en masse, mais quand même, disons-le, l'Islam a pris plus de vies qu'il n'en a sauvé. On m'a toujours dit que si ça sentait la merde et que ça en avait la couleur, il y avait de fortes chances pour que ça en soit. Alors bon, comme on nous le rabâche bien bien pour apaiser les tensions inter-communautaires, l'immense majorité des citoyens de confession musulmane est tout à fait pacifique, mais est-ce que ça ne rend pas tous ces gens un peu complices de toutes les atrocités commises au nom de l'Islam à travers le monde ? Est-ce qu'une femme voilée française n'est pas un peu la complice des talibans qui obligent les femmes afghanes à se travestir en abat-jours ? Houellebecq, il écrit comme un pied, mais au fond il n'a pas tort quand il dit que l'Islam c'est la religion de l'intolérance, une religion belliqueuse qui rend malheureux. Les catholiques de nos jours, ils roulent pareillement sur la jante, mais à coté des barbus d'Al-Quaida et consorts, même les tarés de Civitas paraissent être des doux-dingues. Eux ont perdu l'habitude d'assassiner les gens qui ne pensent pas comme eux. De gentils clowns, les cathos. Mais l'Islam, c'est le clown aux dents aiguisées de « Ça ».

Mais quel gros abruti que l'Homme. Il devait déjà composer avec le cancer, le froid, la famine, la vieillesse, la guerre, les catastrophes naturelles, le handicap, mais non, c'était pas assez, il a fallu qu'il se mette sur le dos un autre poids : la religion ! Il faut s'en débarrasser, ça devient urgent, puisque des psychopathes continuent à tuer en son nom. Charb, Tignous, Wolinsky, Cabu, etc, lâchement assassinés par Dieu ! Il avait pas fini sa phrase, Marx ; la religion n'est pas seulement l'opium du peuple, mais le cancer de l'humanité ! Comment tu veux aller tutoyer les étoiles quand une frange non-négligeable de l'humanité croit encore que c'est Dieu qui les a posé là ? Hé, le fondamentaliste, tu veux du mystique ? Renseigne-toi un peu sur la théorie des cordes, tu vas voir un peu si ça va te faire gamberger ! Bon, une équation mathématique, c'est un peu plus dur à comprendre que « pas bien de manger du cochon », mais paraît que ça en vaut la peine.

Publié dans coup de gueule

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S
Et oui faut croire que nos cancers, nos catastrophes naturelles, notre incapacité a se partager les ressources de notre petite planète, ne suffisent pas. Héritiers des "valeurs" judéo chrétienne, marqués au sceau de la Culpabilité; diviser, régner, idolâtrer, vénérer, sont les graines des champs de guerre. Les religions, ces institutions, au nom de la bonne conscience nous maintiennent dans un certain niveau d'obscurantisme. Et puis que cela soit à l église ou chez les terroristes, il y a un risque de se faire sauter...
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H
Du dur, du bon, du vrai! Bravo pour cette prose acide et revoltée
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L
Pas besoin de discussion Nanou, il suffit de tenir le compte des morts que fait la religion jour après jour, perpétrés par des gens qui ont subi un bourrage de crâne depuis l'enfance.
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N
J ai lu. Ça mériterait une bonne discussion... tu sais, comme celles que faisaient nos parents en parlant politique en fin de repas de Noël. ... je parle à l imparfait. Parce que maintenant on ne discute plus. On tue.
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L
Merci, c'est écrit avec les tripes.
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