Vendredi ou les limbes du pacifique.

Publié le par Leussain

Vendredi ou les limbes du pacifique.

Bangeourre.

C'est à la radio -- pas sur NRJ ou Virgin Radio, tu penses bien -- que j'ai entendu parler de cet auteur, Michel Tournier, que malgré mon immense culture je ne connaissais ni d'Eve, ni d'Adam, ni de M Pokora. J'en suis désormais, inutile de ménager plus longtemps le suce-pince, un fervent laudateur. C'est qu'il porte haut la langue française, le gazier Tournier. Ah, il la fait jouir, la bougresse, et moi avec !

"Vendredi ou les limbes du Pacifique" est une réécriture de l'œuvre de Defoe, plus sombre, plus sexuée, moins manichéenne, plus perchée et mystique. Dans les grandes largeurs, l'histoire est la même : le naufrage d'un rouquemoute sur une île déserte, l'ingéniosité qu'il déploie pour survivre, l'arrivée de Vendredi le sauvage et leur cohabitation. Robinson est ici un homme monomaniaque, fervent catholique, légèrement raciste et adepte de la phrénologie, et qui flirte souvent avec la folie. La déréliction liée à son isolement va le mener à travers un parcours initiatique qui va transformer sa spiritualité.

Comment dire... sans tomber dans le panégyrique... C'est vraiment de la belle ouvrage. Du damas, mon pote. A moins de t'appeler Bernard Pivot, tu peux sortir ton Bescherelle et le garder à portée de pogne, parce que si ton expérience de la lecture s'arrête à la bibliothèque verte, tu vas en avoir bien besoin. Tournier il te déballe plus ou moins les 36 000 mots de la langue française ! Son style me file de sérieux complexes d'infériorités. C'est comme poser nu à coté de Rocco Siffredi, tu saisis ? J'ai eu le même sentiment qu'en lisant Céline ; chaque phrase semble pesée et fait avancer le récit, il ne fait pas du remplissage. Quand je lis Malraux ou Camus, bien sûr, je reconnais là de grands auteurs, mais je ne suis pas en extase, je ne suis pas conquis, je me fais même un peu chier parfois. Je me dis, surtout, qu'un jour à force de travail je pourrai m'en approcher.

Mais là, je suis largué, ça tient de l'alchimie de langage ce qu'il fait. Je tiens mon nouveau livre de chevet, ma bible, mon amphétamine, l'étalon vers lequel tendront désormais mes efforts.

J'ai ensuite enchainé avec "Des villes dans la plaine", de Cormac Mac Carthy, auteur de "La route" et "De si jolis chevaux". Pas grand chose à dire, c'est propre, mais sans éclat, et je suis définitivement allergique à son style (c'est quoi cette manière d'écrire les dialogues dans laquelle on ne sait plus qui parle ?).

Au revoir.

Publié dans critique livre

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article