Droit dans le mur - Nick Gardel
C'est sur facebook, qui est aussi bien un vivier de talents que de préposés à la photocopie, que j'ai repéré cet auteur qui semble s'être spécialisé dans les gens morts -- le polar, quoi, fleur de chlamydia... Quand un gus déroule au débotté de la saillie mieux torchée que 90% de la prose de ses concurrents, il mérite qu'on s'intéresse à lui. Quand au surplus ses couvertures sont invariablement moches, alors il n'y a plus à hésiter. Dont acte.
Avec son Droit dans le mur, Gardel intègre illico le top 3 des plus talentueux indés à s'être affichés sur ma liseuse - les deux autres étant la Kazar et la Koridwen. Il y a les gens qui écrivent, il y a les auteurs, et puis il y a les véritables écrivains pour qui le style n'est pas un vain mot. Maîtrisé de bout en bout, ce polar rural déjanté et truculent comme l'étaient le cinéma d'Audiard ou les romans de Frédéric Dard, ne lève jamais la pédale. Peuplé de personnages tous plus caricaturaux (dans le bon sens du terme) les uns que les autres, il est aussi érudit que drôle. Il est assez rare tout de même que je m'esclaffe en lisant un livre ; seuls Céline, Cavanna ou Desproges savent parfois retrousser les commissures de mes lèvres. Gardel m'a fait jouir avec sa langue, et plusieurs fois encore. Un roman qui se déguste plus qu'il se lit. Seul petit cheveu dans la soupe : j'ai été un poil - oui, je sais - déçu par la fin qui manque d'un je-ne-sais-quoi de folie. Il est certain que je lirai tous les livres de cet auteur, et que je suis aussi conquis que la Pologne en 39.