Le bon chasseur...
Bangeourre.
L'autre jour, alors que je posais un pied devant l'autre, je suis tombé en arrêt devant un magazine ouvert sur une table. J'avais rien d'autre à foutre, et je feuilletai par curiosité ce magazine, dont le thème était la chasse à l'arc. Oh ! je te vois venir, avec tes petites idées étriquées, des années de journal de Jean-Pierre Pernaut t'ont conditionné : la chasse à l'arc, c'est la version noble de la chasse au fusil, l'homme lutte à armes égales avec l'animal. Il doit s'approcher assez près pour être à portée de tir, communier avec la nature, et souvent sa flèche se perd dans la verdure (tiens, ça rime). Oui mais bon, le gibier, lui, il n'a rien demandé, il demande qu'à vivre, et il n'a même pas un opinel pour se défendre. Le sanglier, à la rigueur, avec ses grès, il peut casser un os ou deux à son agresseur, mais on a jamais vu un chevreuil boulotter un connard de chasseur, et alors il a plus qu'à se tailler vite fait lorsqu'on tente de lui trouer la couenne.
Le gibier, ça lui fait une belle jambe de se faire zigouiller par une balle de 22 ou une flèche ! Toi, si on essayait de te larder à coups de traits, tu te dirais pas que c'est du sport, si ? Préfères-tu te faire trucider par arme blanche ou arme à feu ?
Quand les chasseurs pleins de vin et repus de meurtre parviennent à tuer un animal, il s'accroupissent et posent fièrement, souriants, devant l'appareil photo et autour du cadavre ensanglanté, les tripes à l'air, de leur victime. C'est un sabbat d'une indécence incroyable. Moi, Aymeric Caron ne m'a pas encore assez dégoûté pour que j'arrête de manger de la viande, mais tu me verras jamais poser comme un con avec une tranche de jambon ! Ah ! mais attention à la sémantique ! Ces gens-là ne tuent pas, non môssieur, ils font des prélèvements ! Ils régulent la population ! Tu saisis la finesse de langage ? Les nazis, pareil, ils ne commettaient pas de génocide, ils prélevaient, ils régulaient la population ! On pourrait justifier toutes les exactions, rien qu'avec ce mot : prélèvement.
Tiens, j'espère qu'on rira également autour de leur bière, quand le cycle de la vie les aura rattrapés.