Attentat au conton-tige
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Ah, dis-donc, je suis bien content de pouvoir te causer. Tel que tu me vois, je reviens de loin. Je suis passé à ça de perdre l'audition.
Tout à l'heure, je me récurais comme il se doit le conduit auditif, lorsque patatrac, c'est l'accident. Les oreilles, c'est comme un conduit de cheminée ou un tuyau de poêle, faut ramoner une fois par an, sinon on en vient à confondre Kendji et Mozart, Kanye West et Pavarotti. Pour ce faire, j'ai ouvert un paquet de conton-tiges gracieusement offert par des potos lors de ma crémaillère ! Ah ! l'erreur ! Ah ! l'attentat contre ma personne ! C'était prémédité, je dis !
C'est qu'ils se sont approvisionnés chez Gifi, les marlous ! L'idée de génie ! C'est comme offrir à un gosse un jouer fabriqué en Chine ! Je te le donne en mille ; je ressors la tige en pastique, et qu'est-ce que je vois ? Le coton qu'a disparu dans mes tréfonds ! Alors je me fourre un doigt, l'auriculaire qui porte bien son nom, et vas-y que je touille. Là, c'est l'erreur humaine, c'est plus la technique qui lâche ! Con que je suis, je n'ai fait qu'aggraver les dégâts ! Autant essayer de choper la crotte de ton petit-ami avec ta queue. Tu vois bien que c'est pas possib'.
Me voilà en train de me filmer l'intérieur de l'oreille avec mon téléphone portable, à essayer de trouver le meilleur angle de vue, avec un maximum de lumière, mais rien... me faudrait un endoscope... Pourtant il a pas disparu dans une dimension parallèle, ce morceau de coton ! C'est Pline l'Ancien qui disait "ce que je ne vois pas ici est ailleurs". Ou Fox Mulder, peut-être...
J'ai beau touiller, sonder, prospecter, bêcher avec la tige en plastique, je ne ramène pas le moindre bout de coton. En bon hypocondriaque, je me vois déjà en train de pourrir de l'intérieur, de choper la gangrène au cerveau et de finir dans le même état que toi, baveux, amorphe, tout juste bon à regarder Secret Story et à râler sur les migrants qui viennent piquer TES allocs. GIFI m'a tuer ! Je m'imagine ne plus écouter Metallica que d'une oreille ! Là c'est l’affolement. Des envies de dégueuler. Demi-sourd à trente-neuf ans, si c'est pas triste...
Je décide d'employer les moyens extrêmes. Je pénètre dans ma douche, je règle le jet sur la position haute-pression et je me le colle jusqu'au tympan. La capillarité, tout ça... si je te savais plus éveillé qu'un loulou de Poméranie, je prendrais bien cinq minutes pour t'expliquer mais je sais bien, va, que t'es une cause perdue pour la science, que t'en as rien à cirer et que de toute façon t'arrives pas à retenir tes pets, alors des principes de physique...
Victoire ! ça remue dans mon oreille comme dans un cadavre de petit chat que les cantonniers auraient laissé sur le bas-côté. J'embroche au bout de ma tige de pastique le morceau de coton et je l'extraie, je le brandis bien haut à la foule en délire composée de je, moi et moi-même !
Ça m'aura occupé une demi-heure, cette histoire.
Au revoir.