Partenaire Bleu Ciel EDF.
Tu as peut-être toi aussi été la victime d'appels intempestifs de la part de ces soi-disant "partenaires bleu ciel EDF", qui après quelques questions cherchent à t'envoyer un commercial qui essaiera de te vendre des panneaux solaires ou des éoliennes dont tu n'as pas besoin. En général, quand ils sont sur quelqu'un, ils ne le lâchent plus, ils s'acharnent telles des puces sur un chien jusqu'à ce que le pigeon craque et accepte un rendez-vous. Tu peux les renvoyer chier quarante fois, quarante fois ils te rappelleront. Il est plus coton de s'en débarrasser qu'un herpès chronique. Ces enculés de téléprospecteurs sont tout à la fois l'épine dans le pied, la verrue plantaire et la mycose des ongles du citoyen lambda. Bref, je les hais cordialement, et si un jour il me vient des pulsions suicidaires, j'en profiterai pour me confectionner un joli gilet de C4 et, quitte à franchir la Méditerranée, j'irai me faire péter dans un de leurs locaux pour en emporter le plus possible.
Encore ce mois-ci, j'ai été harcelé une bonne trentaine de fois par le même numéro, un 01, une, deux, voire trois fois par jour. Je travaille de nuit, et ces fils de pute ont le chic pour m'appeler quand je barbotte avec des nymphes dénudées, que je deviens un grand écrivain, que la paix règne dans le monde, bref ils assassinent littéralement mes rêves. Je ne suis pas équipé d'un téléphone me permettant de filtrer les appels, donc à part mettre le téléphone en silencieux, je ne vois pas d'autre solution que de décrocher. J'ai utilisé à peu près toutes les techniques pour leur faire comprendre que non, j'étais pas intéressé par leurs produits de merde, que l'énergie nucléaire m'allait très bien merci, et que c'était pas avec une éolienne que j'allais alimenter ma PS4.
Que j'étais pas propriétaire mais locataire.
Que j'étais déjà équipé.
Que je ne vivais que du RSA.
Que j'allais déposer une plainte à la gendarmerie pour harcèlement.
Souvent aussi, je commence à engager la conversation, et une fois que le téléprospecteur commence le laïus merdeux qu'il récite deux-mille fois par jour, je pose délicatement le téléphone sur la commode et je le laisse parler à l'oreille des meubles. Quand je me réveille, je regarde ensuite combien de temps la créature a monologué ; le record est de 1 minute 56 secondes.
Il faut savoir que dans la vie je suis quelqu'un d'excessivement poli, obséquieux, à la limite de la limace en général, mais que je deviens hérisson quand on m'emmerde un peu trop vivement. Et donc, le dernier téléprospecpute m'a appelé à 12H. Tu parles d'une heure pour déranger les honnêtes gens. Tu vas voir la tenue de ce dialogue de haute volée, rapporté avec toute la fidélité dont je suis capable.
Lui : Bonjour monsieur, vous êtes bien Frédéric Soulier ?
Moi, dans le pâté complet : Ouais.
Lui : Partenaire Bleu Ciel EDF. Vous...
Moi : Attendez, vous voulez parler à qui vous avez dit ?
Lui : Frédéric Soulier.
Moi : Ah ça va pas être possible, il est décédé.
Lui : Vous êtes sûr ?
Moi : Ben oui je suis sûr.
Lui : Ben pourquoi ?
Moi : Pourquoi quoi ? Ben il est décédé. C'est comme ça.
Lui : Et madame Biiiip Biiiiip (mon ex compagne) ?
Moi : Elle est décédée aussi. Ils sont tous morts dans le crash de leur jet privé.
Lui : Ah. Mais vous êtes qui ?
Moi : Je suis son père.
Lui : Le père de qui ?
Moi : Leur père à tous les deux.
Lui, très con ou qui a suspecté que je me foutais de sa gueule : Et vous êtes locataire ou propriétaire ?
Moi : Espèce de chancre mou ! Fils d'inconnu ! Face de dos ! Mongoloïde, ta mère suce des bites en enfer ! Trouve-toi un boulot convenable, va bosser à l'usine, collecte les ordures ménagères, postule à Eurodisney, même, oui MEME, fais une formation de police, mais cesse de m'appeler ! Je te dégueule toi et ton espèce de démarcheurs téléphoniques pourris, vous êtes le cancer de l'humanité, puissiez-vous tous crever d'une mort lente et douloureuse et vos gonades se ratatiner, pas que vous puissiez vous reproduire surtout !
Bon, tu t'en doutes, j'avais déjà raccroché après la dernière réplique du type, et mes insultes se sont contentées de ricocher sur les quatre murs de ma chambre avant de me revenir à la gueule, mais ça m'a bien défoulé.
Au revoir.