Je vous déclare mari et mari.

Publié le par Leussain

Bangeourre.

Samedi dernier, je suis allé à un mariage. L'originalité, qui en est une de moins en moins, était que les mariés étaient deux messieurs, d'âge mûr. J'y allais un peu à reculons, tu comprends, parce que toutes ces personnes qui, il y a quelques mois, avaient sacrifié leur pause dominicale pour descendre dans la rue, afin d'y scander des slogans sur la déliquescence de la structure familiale, et clamer que les unions homosexuelles sont contre-nature, et bien ces gens là, de par leur nombre, de par leur véhémence, de par la force qu'ils insufflaient à leur discours de propagande, ils ne pouvaient qu'avoir raison ! C'est bien connu que la masse fait loi, que le peuple porte à sa tête la crème de la nation, que la Miss France est toujours la plus belle fille de France, que les prix Nobel sont toujours les plus méritants, bref : la plèbe ne peut pas se tromper, et si la terre est ronde, et bien ce n'est vrai que depuis pas si longtemps.

Et donc, c'est avec circonspection que j'assistai à l'union de deux hommes dans une mairie de la Vendée profonde (au moins, ai-je échappé aux sermons d'un teubé en robe de chambre). Je m'attendais à tout moment à ce que la terre s'ouvre sous mes pieds, moi spectateur de cet affront aux bonnes mœurs, moi qu'on avait porté au dessus des fonds baptismaux, moi catholique de corps et d'âme, et m'engloutisse. Ou que la foudre s'abatte à tout le moins sur les deux principaux coupables ainsi que sur le maire complice de cette hérésie sociale ! Parce que tout de même en célébrant ce mariage on était en train de boxer en plein les couilles de dieu ! Oui, dieu !... Je lui mets pas de majuscule comme dans les livres à prétention littéraire, parce qu'il la mérite pas.

Mais à mon grand étonnement, tout se passa comme dans n'importe quel mariage. Les mariés se passèrent l'alliance au doigt sans que la société ne se délite aussitôt, et tu sais quoi ?... Dans les yeux de ces deux-là, il y avait de l'amour, et une envie véritable de sceller leur conjugalité par un contrat. C'est si rare qu'on ne se marie pas pour les convenances ou pour une question de fiscalité, chez les hétéros ! Frigide Bargeot nous l'avait pas dit, ça ! Puis on fila au vin d'honneur où l'on vit rapidement des grappes de pochards (dont je me targue de faire partie) graviter autour des verres de blanc sec, de rouge et de rosé. Il y eut ensuite le traditionnel banquet, entrecoupé de jeux beaufs (on nous épargna tout de même le jeu de la jarretière), des chansons paillardes bien grasses et de la musette pour les badernes. Pas d'orgie sodomites. Comme dans un vrai mariage, quoi ! Manquait plus que la tata salope et le tonton bourré (spéciale dédicace) ! Plus incroyable, je n'ai pas senti le plus petit début d'un malaise parmi les invités, alors que quand même, si on regarde le journal de TF1, on aurait tendance à penser qu'on vit dans un pays de connards frustrés, non ?...

Je frémis désormais à l'idée que ces deux nouveaux mariés adoptent un enfant et parviennent à le rendre heureux et équilibré. Tu te rends compte de la façon dont le modèle familial -- gros rouge, saucisson, TF1 et coups de ceinture -- en serait gravement compromis ?

Déconseillé aux âmes sensibles.

Publié dans Porte-nawak

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N
Aahhh oui, tu vois.... bientôt le mari 1 tapera sur le mari 2... ils divorceront, se disputeront la garde de Steven ou d'Emma..... tout pareil quoi !!
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A
Putain la vidéo de malades !!! Il y a du gratin.
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