Des étoiles plein les yeux.
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C'est con, un môme. Parfois -- assez souvent même --, ça reste comme ça toute sa vie, bloqué dans un état de connerie hébétée, et ça meurt centenaire, aussi niais et demeuré que ça l'était en culottes courtes.
Quand j'étais mouflet, j'étais affublé d'un léger problème anatomique que tu connais peut-être si tes darons t'ont fabriqué avec un pénis et non un vagin. Mes testicules, bijoux de famille hérités de mon père, réfugiés bien au chaud dans mon abdomen comme des roumains à Paris, se refusaient à descendre dans mes bourses, aussi vides que le compte en banque d'une mère célibataire au RSA. Mon scrotum était un logement sans locataires. Le géotropisme de mes gonades tardait en effet à se déclarer, ce qui, prétendait le médecin, pouvait s'avérer compromettant dans l'hypothèse un peu folle où je pourrais vouloir me reproduire un jour -- chose à laquelle je me dérobe fièrement à l'âge de raison.
Une infirmière libérale fut donc diligentée, histoire de faire descendre tout ce bazar à l'étage vacant qui convenait à ces demoiselles. Je la revois, l'infirmière, elle venait chaque semaine je crois, elle sortait la seringue de son emballage plastique, une lueur lubrique et sadique dans le regard, puis elle piquait sans préliminaires son dard métallique dans le gras de mon cul. Sans char, c'est sans doute une illusion mémorielle, mais dans mon esprit cette aiguille est le genre que les vétérinaires emploient pour injecter des tranquillisants aux rhinocéros.
Quoiqu'il en soit, ce traitement porta ses fruits. Quelques semaines plus tard, deux petits noyaux ovoïdes dégringolèrent dans l'emplacement que dame nature, l'architecte du corps humain, leur avait réservé. C'était magique, mystique, chamanique ! La veille encore, elles n'étaient pas là, ces demoiselles les valseuses. Un véritable miracle ! L'eau changée en vin ? Le pain multiplié ? La marche sur les eaux ? Des tours de passe-passe pour touristes romains ! Cette femme en blanc, avec ses gants en latex et ses seringues longues comme des kalachnikovs, elle m'avait fait pousser des couilles ! Deux instruments indispensables de la panoplie qui apportent à l'homme un bonheur fugace qui ne lui coûte rien (enfin si on sait utiliser les réseaux de rencontres sur internet). Dés lors, j'attribuai à la substance que l'on m'injectait des propriétés magiques, proprement miraculeuses. Je n'avais encore aucune notion de science, et j'ignorais tout des molécules, des hormones et de leurs effets sur l'organisme.
Je me souviens que cette conviction était si forte que, pendant quelques mois au moins, je fus persuadé que tous les maux de la création pouvaient se guérir par une simple piqûre. Malheureusement, ce n'est pas si simple, et je sais désormais que la véritable panacée, c'est l'alcool.