Lourd bilan à l'Arena Loire.
Bangeourre,
ce weekend, je suis allé vadrouiller du coté d'Angers, où je me suis notamment rendu au festival inter-celtique de Trélazé, qui se jouait à l'Arena Loire. J'y étais surtout pour voir Celkilts, un petit groupe de bretons énervés (VUS A LA TV !) et qui reprennent au violon et à la cornemuse des choses aussi variées que Brahms ou AC/DC. Il y avait également Tri-Yann et d'autres groupes sympathiques, mais vu mes accointances avec le metal et la musique de tarés, c'est surtout Celkilts qui m'a fait vibrer la corde sensible.
Ça n'a surement pas été la même chose pour tout le monde. Il faut préciser que la moyenne d'âge tournait autour des soixante balais, avec des pointes fréquentes à quatre-vingt barreaux. Pour voir autant de vioques au mètre-carré, il faut habituellement se rendre en maison de retraite ou à la messe du dimanche matin, à l'heure où toute personne censée préfère regarder téléfoot.
Je te raconte pas comment les gamins de Celkilt ont galéré pour essayer de faire bouger toutes ces antiquités humaines, qui posées dans ton salon feraient autant d'effet qu'un vase de la période Ming. C'est que, comme l'a remarqué le chanteur, le groupe n'avait pas pour habitude de jouer devant un parterre immobile de gens assis, et encore moins à 15h !... Qu'importe ! Sous les yeux effarés des brocantes, les musiciens ont tout donné, comme ils l'eussent fait au Hellfest.
Puis soudain, au détour d'un morceau endiablé d'AC/DC, c'est le drame, tout bascule ! Le méchant accident qui fait les délices d'un journal d'investigation comme la Charente Libre ! Lucienne, soixante-seize printemps au compteur, ivre de bruit, se met à essayer de pogotter ! Sa voisine, qui tentait d'ajuster le volume de son appareil auditif, n'apprécie point cet outrage aux moeurs. Furieuse, elle plante son râtelier en céramique dans la chair molle et faisandée de Lucienne.
Las ! le dentier mal arrimé aux gencives par une colle fabriquée à l'étranger, chute et se brise sous des pieds chaussés de godasses à semelles compensées. C'est le début d'un déchaînement de violence digne d'un nettoyage ethnique à sec. Bilan à l'issue de cet après-midi tragique : un râtelier brisé, deux AVC, un col du fémur disloqué, deux descentes d'organes ; nous perdîmes dans la bataille l'équivalent d'un bus du troisième âge, uniquement par la faute de ces morveux de Celkilt. Heureusement, Tri-Yann, composé de membres aussi périmés que les spectateurs, fit descendre les décibels à un niveau acceptable.
En outre ! Je ne remercie pas le gros dégueulasse assis devant moi qui, avec une régularité de métronome, s'est délesté de flatulences que j'imagine longuement mûri pour cet événement. Ces pets honnis remontaient le long de son dossier incurvé comme dans une gouttière et se propulsaient par bouffées droit dans mes sinus. Ah, il en faut, de la perversité pour préméditer de telles malfaisances ! car on ne me fera pas croire que ce type ne s'est pas gavé de nourriture à haut rendement gazifère avant le spectacle, afin d'être sûr d'empoisonner l'entourage. En toute impunité, car serrés comme des sardines dans du fer blanc, il était impossible d'identifier formellement le terroriste chimique ! Ah, trois heures à me faire des fumigations merdeuses m'en ont parues douze !
Au revoir.