Attention, cet article comporte du placement de produit.

Publié le par Leussain

Bangeourre,

n'étant pas plus fortuné que le français moyen, qui place ses éconocroques dans un bas de laine, qui fait du pain perdu avec du pain dur, qui utilise ses dosettes de Senseo deux fois, qui ne fait manger ses enfants qu'une fois par jour, qui ne mange lui-même qu'une seule fois (en temps que travailleur manuel, il a un besoin supérieur à l'enfant en calories), qui lave ses préservatifs, qui ne tire la chasse que quand ça déborde, qui ne change de téléphone portable qu'une fois par an, , qui fait pousser soi-même sa beuh sur le coin du balcon, bref, comme tous les sales pauvres, j'ai réfléchi au moyen de rogner sur mes principaux postes de dépense.

L'un des plus importants, en ce qui me concerne, est celui de l'achat de livres. Ça ne doit pas être le cas de Ribery, qui a un budget "putes" bien supérieur au budget "livres". C'est que les livres, ça coûte un bras. Surtout quand on sait que l'essentiel de la vente atterrit dans la poche de l'éditeur, et que l'auteur empochera seulement 10% de la recette, alors que c'est quand même lui qui s'est fait chier à écrire et à se retourner la cervelle dans tous les sens, même s'il s'agit de la dernière des bouses. Même en les achetant au format poche, ça me revient cher, les bouquins.

Certes, j'aurais pu prendre une carte de blibliothèque, seulement par chez moi, dans le désert culturel d'où je tape ces mots, on trouve plus de producteurs de gnôle que de blibliothèques. Et les rares qu'on peut trouver sont aussi fournies en bouquins qu'une afghane en sex-toys. Et puis, je suis un homme de mon temps, merde. Pur produit de la génération internet. Enfin de la génération minitel, je le concède. Pas comme Frédéric Beigbeder qui doit avoir des parts chez les débiteurs de forêts pour défendre aussi ardemment le papier. Balzac sera toujours un génie sur un écran comme sur du faf à train ! D'Ormesson sera toujours aussi cul-cul la praline imprimé sur du vélin ! Pas question que je fasse comme ces teubés d'il y a deux siècles qui refusaient de monter dans un train par peur du progrès ! Par peur du changement ! Le changement c'est maintenant, c'est les PlayStation de gauche qui l'ont dit !...

On m'a donc offert pour mon anniversaire une liseuse, également appelée E-Reader dans la langue de Michael Bay. Une Kobo Touch, vendue et fabriquée par la FNAC. J'en suis positivement enchanté. Ce merveilleux gadget revendique quelque chose comme huit semaines d'autonomie. J'en ai à peine atteint trois, avec une utilisation intensive de l'appareil. C'est déjà pas mal. On tourne les pages en tapotant sur le bord de l'écran, c'est très intuitif. La fonction tactile n'est hélas pas à la hauteur des dernières générations d'appareils tactiles. Si surligner un mot est l'enfance de l'art, en sélectionner plusieurs ou une partie s'avère un jeu de patience capable de faire péter un fusible au Dalaï-Lama. C'est pourtant quelque chose qu'on est souvent amené à faire, lorsqu'on lit par exemple Moby Dick, truffé d'un idiome marin incompréhensible par le commun du lecteur.

En effet, heureuse idée, un dictionnaire est intégré : le Larousse 2008. Malheureusement, le dico montre rapidement ses limites. Beaucoup de mots, dont la définition est trouvable en deux clics sur internet, lui sont inconnus. Pire, en appuyant pour exemple sur le mot "Catarrheux", le dico t'apprend qu'il s'agit de quelqu'un atteint de catarrhe. Super... naze, d'autant plus qu'il est impossible de faire une recherche manuelle dans le dico. Carton rouge. Au surplus, certains mots des définitions sont mystérieusement amputés de groupes de lettres... Deuxième carton rouge ! tu sors, le Larousse !...

Si la petite Kobo atteint de tels sommets d'autonomie, c'est sans doute grâce à son écran qui n'est pas rétroéclairé et qui simule parfaitement une page de vrai livre. Yeux préservés, bien qu'en étant tatillon, on pourrait lui reprocher son fond gris qui limite le contraste. Portefeuille préservé, également, puisque si on trouve sur le Kindle d'Amazon et le portail de la Fnac des livres électroniques scandaleusement cher pour des oeuvres dématérialisées, on trouvera également nombre d’œuvres tombées dans le domaine public, ce qui implique leur gratuité (Balzac, Zola, Hemingway, Flaubert, Proust... ah non ! pas lui, merde !), ainsi que les œuvres de jeunes auteurs prometteurs pour une bouchée de pain, dont tu trouveras celles de ton serviteur.

Tu as compris que je ne peux plus me passer de cet objet, que j'emporte partout avec moi et dont la housse où je l'ai serti est déjà imprégnée des capiteuses effluves de mon caca, puisqu'en tant que représentant de la gent masculine, je n'aime rien tant que lire aux cabinets. La liseuse m'est devenue aussi indispensable que le miroir de poche à la femelle, et je ne saurais trop que te conseiller de franchir le pas.

En définitive, à part un fonctionnement perfectible du dictionnaire, je ne vois qu'un seul reproche à formuler au sujet de cette invention : ça torche nettement moins bien le cul qu'un exemplaire physique de Cinquante Nuances de Grey.

Attention, cet article comporte du placement de produit.

Publié dans Porte-nawak

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