Fragrances, toujours...

Publié le par Leussain

Fragrances, toujours...

Certaines femmes vous laissent une ardoise à régler, d'autres un parfum musqué sur les draps, d'autres encore un plus ou moins bon souvenir.

Cette fille, à qui je n'avais pas pris la peine de demander son nom, tout ce qu'elle m'avait laissé c'étaient des lames de rasoir dans l’urètre et des verrues sur le gland, t'aurais juré la cordillère des Andes filmée par Arthus-Bertrand. J'aurais dû me méfier, pourtant. Si sa chatte avait été un steak, j'y aurais jamais touché, mon pif m'aurait averti qu'il y avait anguille sous roche, et j'aurais mis des gants avant de jeter la bidoche en putréfaction à la poubelle. Sa chatte, je l'avais vue sous la lumière clignotante des chiottes publiques, bouchée par un magma refroidi. On aurait dit l'entrée d'un canyon fermé par des éboulis. Ça sentait les tranchées de Verdun en 14. Entre l'odeur sucrée du maroilles et celle plus âcre de la gangrène. Je le jure : il y avait comme de la fumée qui en sortait.

Il avait fallu forcer le passage. En état second, rendu fou par son odeur d'amande amère, j'y avais tamponné à grands coups de burin, si fort que j'en avais chopé des ecchymoses au prépuce. La première manifestation des dommages occasionnés par cette rencontre inopinée dans les chiottes publiques. Ah ! elle me rayait le casque, avec sa chatte en gratin, mais une fois le ravalement effectué, une fois épluchée les croûtes, c'était comme s'enfiler un pot de miel ! Ah non ! erreur ! plutôt une ruche pleine d'abeilles ! Parce que même si je sentais rien, j'étais pris d'assaut par toutes les MST de l'après-Création lâchées par Dieu pour punir ses brebis d'être des fornicatrices.

Dès le lendemain matin, j'avais pissé du vitriol. Au sortir du lit, je m'étais gratté les couilles, comme tout mec qui se lève, et j'avais senti mes doigts, un geste aussi instinctif que ceux des chats lorsqu'ils font leur toilette. Fuuhhh... Ces vapeurs, c'était pas du Guerlain. Ou alors le Guerlain puant qui ne savait pas si les nègres avaient tellement travaillé... J'avais pourtant pris un bain si bouillant que ça aurait dû tuer la moindre bactérie, la moindre pensée nauséabonde fascisante.

J'étais allé voir un toubib, qui m'avait soulevé les couilles et avait dit d'un ton docte : « Une mycose. Ah, dites donc, on m'avait dit que les champignons de Paris venaient tous de Chine, maintenant, mais ceux-là c'est de la production locale ! » Et puis j'avais pissé dans un bocal. Une urine plus trouble que l'eau de la Seine ! On voyait pas au travers !

Le toubib avait envoyé ça au labo et une semaine après, le verdict était tombé. Ah ! ça alors ! Le premier examen que je passais haut la main ! Haut la bite oui ! J'avais cartonné dans tous les domaines ! Gonorrhée, blennorragie, herpès, hépatite B, papillomavirus, et même VIH. J'étais reçu avec mention !

Ah c'est maman qu'allait être fier de moi ! Moi qu'elle avait toujours autant désiré qu'un ténia ! Je décidai d'encadrer le résultat de mes tests sérologiques et de lui offrir pour la fête des mères.

Publié dans Porte-nawak

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